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Projections du Voyage de papa

  Le flm, inscrit dans le projet PALAR de la ville de Labé, "Le Voyage de papa", a été présenté à l'INRAP (Institut National de Recherche et d'Action Pédagogique) de Conakry dans le cadre du colloque autour du Salon International du livre de jeunesse 2023.

   Il a été projeté ensuite dans la bibliothèque de Labé, lors de la fête liée au concours de lecture, rencontre à l'initiative du club littéraire avec lequel nous avons travaillé. L'album éponyme qui est à l'origine du projet, a été offert aux enfants qui ont dessiné pour la vidéo. Ils ont pu comparer ce qu'ils avaient imaginé avec ce que les auteurs ont fait sur le même sujet. D'expérience nous sommes assurés qu'ils voudront partager. Cette confrontation entre leur statut d'auteur et la réalisation par des professionnels placés dans les mêmes conditions qu'eux devant la page blanche, est une incitation à la curiosité et à l'échange, à la lecture.

   Nous n'aurions pas pu conduire ce projet sans les autorisations et encouragements de Monsieur Saliou Bah, auteur, Madame Irina Condé, illustratrice, et Monsieur Aliou Sow, l'éditeur Ganndal, lesquels ont vu et apprécié le film, qui est maintenant en accès libre sur internet à l'adresse ci-dessus et diffusé par le CELPAC. Une telle collaboration est évidemment souhaitable et nous poursuivrons avec Ganndal et tous auteurs intéressés. La première présentation à l'INRAP s'est faite dans le cadre du colloque sur le thème de la littérature de jeunesse devant un public d'universitaires, de formateurs pédagogiques, d'enseignants de tous niveaux et d'éditeurs. Nous avons  présenté notre démarche pédagogique sur le principe : c'est en offrant la possibilité aux enfants et adolescents d'être eux-mêmes auteurs qu'ils entreront plus facilement dans la lecture. Une démarche amplement testée auparavant, en variant les approches avec des étudiants spécialisés en vidéo, aussi bien, par la suite, qu'avec des enfants de maternelle sur le thème du conte populaire1.

  Ce fut une occasion de rappeler que, contrairement à des pratiques qui sont celles de la scolastique, l'enfant sachant parler régresse lorsqu'on lui propose une méthode ancestrale, caricaturée non sans raison, comme étant celle du "B+O = Bo comme dans beau". Pourtant le mot beau fait partie du vocabulaire de l'enfant depuis longtemps, bien avant d'entrer au CP. Pourtant quand on lui demande de dessiner une chaise, on n'apprend pas à l'enfant à commencer par dessiner chacun de ses composants dans un ordre préétabli. On oublie trop facilement qu'historiquement l'image précède l'écriture2, que pour l'enfant qui commence à écrire, dessine des mots, dans la continuité de ses gribouillages. L'enfant n'a pas non plus appris à marcher en étudiant la grammaire du pas efficace. Mais ce n'est pas le lieu d'une leçon de pédagogie. Partir de ce que sait l'enfant plutôt que de déverser un savoir conçu par des adultes pour son bien et son avenir.

   Il n'a pas été facile de conduire à distance un projet qui repose sur les habitudes d'enseignement qui sont celles apprises sur les bancs de l'école. Nous avons eu l'occasion de comprendre, en conduisant un atelier à Labé lors de notre passage, que les dessins qui nous ont été envoyés étaient commandés par des consignes par trop précises, lorsque nous espérions que les enfants chercheraient par eux-mêmes à construire une histoire, à partir du seul titre "Papa est parti dans la nuit sans me dire au revoir".

   Mais cela ne retire rien à la volonté et à la qualité de l'équipe des animateurs, pour la plupart bénévoles, avec lesquels nous avons eu plaisir à travailler, par communication WhatsApp. Ils ont d'autant plus de mérite que nous n'étions pas dans le cadre scolaire mais dans une bibliothèque, avec des enfants venant spécialement des villages environnants. Il leur a été impossible de se déplacer pendant la saison des pluies, lorsque les routes étaient difficilement praticables. C'est la raison principale pour laquelle nous avons tenu à conduire à terme ce projet avec la matière dont nous disposions. Ceci explique la forme adoptée dans la vidéo, qui repose sur le découpage des productions. Nous n'avions pas obtenu d'histoires, mais une quantité de personnages et d'objets avec lesquels il a fallu composer, sachant que, par principe nous valorisons toutes productions sans exception, donc sans sélection. Tous les dessins effectués ont été utilisés, au risque de mal interpréter certaines intentions. Combattre avant tout le sentiment de rejet, d'échec.

   La démarche pédagogique a été expliquée à l'INRAP et Monsieur Mamadou Saïdou a expliqué la difficulté de son travail. Il ne pouvait jamais savoir à l'avance quels enfants seraient présents dans ce cadre extra-scolaire. Ils sont venus et nous ne pouvions qu'en féliciter les parents. Le film a été très bien accueilli aussi bien à Conakry, qu'à Labé où les enfants et leurs familles ont pu voir tout ce travail valorisé.

   Lorsque nous réalisons habituellement ce genre de vidéogramme, nous enregistrons régulièrement les enfants pour qu'ils commentent au fur et à mesure leurs créations et si le temps nous le permet, nous leur faisons inventer collectivement l'histoire qui a été le support de leur travail. Ils n'avaient pas d'enregistreur ce qui a contraint le réalisateur à raconter à leur place. Mais rien n'étant définitif lorsque nous travaillons sur des supports virtuels, si les enfants souhaitent reprendre ce film, nous pourrions remplacer la voix par la leur, conformément au projet initialement conçu. D'autres peut-être pourraient être invités à le faire. Ce pourrait être un projet en soi, comme pour tous les films présentés dans le site web qui héberge Le voyage de papa, lorsque nous n'avons pas pu faire remplacer le conteur par les enfants.

   2024. Nous espérons continuer avec la même équipe. Un matériel important a été offert au club littéraire pour que continue l'aventure avec de nouveaux projets : magnétophone, couleurs sous toutes formes, divers supports en papier, feutres, pinceaux, colle, ciseaux...

   Nous sommes parfaitement conscients du fait que la wifi ne fonctionne pas dans les bibliothèques mais savons d'expérience que les Africains savent contourner le problème (expérience de 20 ans de communication dans la FIMEM). Et nous savons surtout qu'internet arrivera à couvrir le territoire plus vite qu'on ne le dit et que nous avons le devoir d'anticiper pour les Ressources numériques. Donc d'autres films seront réalisés avec des enfants pendant l'année qui vient.

   J'ajoute que j'ai été sensible au fait que Madame Koumanthio, conteuse reconnue dans toute la Guinée, et conservatrice du musée du Foutah Djalon, se soit dite très intéressée par le film. Nous avons également reçu les encouragements des représentants de la préfecture, de la mairie et de diverses inspections qui sont autant d'invitations à poursuivre. Une collaboration est envisagée avec l'université de Labé pour contribuer à développer la créativité chez les étudiants.

Michel


1 Voir le site de Classes virtuelles coopératives : cvc-freinet.fr .

2 Sur ce point l'ontogenèse rejoindrait la phylogenèse.

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